Quoted in Le Courrier article by Claude Grimm on 16 September

To read the entire article, “Le Salvador face a un exode de ses enfants”, by Claude Grimm here is the link: http://www.lecourrier.ch/123840/le_salvador_face_a_un_exode_de_ses_enfants .

«La raison principale pour migrer est la violence»

La chercheuse américaine de l’université d’Etat de San Diego Elizabeth Kennedy, spécialiste des questions migratoires, révèle dans une étude que 60% des mineurs qui décident de quitter le Salvador le font à cause de la violence. Des résultats qui contredisent la position du gouvernement, pour qui l’insécurité n’est pas à l’origine de l’augmentation récente du flux d’enfants migrants non accompagnés. Interview.

Quelles sont les raisons qui poussent les jeunes à migrer aux Etats-Unis?
Elizabeth Kennedy: Dans notre étude portant sur 500 entretiens avec des migrants mineurs rapatriés, dont 322 ont été analysés, la raison principale donnée par 60% des jeunes est la violence dans leurs communautés et les menaces – effectives ou non – des maras (lire encadré ci-dessus).
La deuxième raison est la réunification familiale, avec 35%. Pourtant, 90% ont au moins un de leurs parents aux Etats-Unis. Les adolescents souhaiteraient rester dans leur communauté, mais il y a eu un événement déclencheur: menaces directes, homicide dans leur quartier, demande d’extorsion dans leur famille, etc.
Trente et un pour cent des sondés veulent étudier et 27% chercher du travail. Trois pour cent disent vouloir fuir des abus intrafamiliaux, mais les entretiens ayant été réalisés en présence de la famille, ce chiffre est en réalité plus élevé. Enfin, 3% veulent vivre une aventure.

Pourquoi y a-t-il une différence entre vos chiffres et ceux des autorités?
Selon moi, la raison est que les migrants ne font pas confiance aux fonctionnaires en charge de la migration, même si par ailleurs ils font un excellent travail. De nombreuses mères rapatriées m’ont confié avoir peur de retourner dans leur communauté mais ne pas l’avoir dit lors de l’entretien avec les autorités. Mes chiffres sont en accord avec ceux de plusieurs autres études, dont celle de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui estime que 72% des mineurs migrent à cause de la violence.

Comment la population aux Etats-Unis réagit-elle face à cette vague de migrants mineurs?
Une enquête parue à fin juillet révèle que 70% de la population les considère comme des réfugiés. Il s’agit d’un réel progrès. De nombreux mouvements, dont les églises et les ONG, appuient les migrants. Mais une minorité très argentée, et très écoutée, soutient financièrement les partis qui veulent renforcer la frontière, bien qu’elle ne puisse guère l’être davantage.

Pourquoi, selon vous, Obama est-il le président qui a le plus expulsé de migrants?
Je ne comprends pas son attitude. Mais je crois qu’il a voulu faire un pas en direction des Républicains dans l’espoir de négocier avec eux, évidemment sans succès. Résultat: le nombre de morts a augmenté dans nos déserts et montagnes et notre gouvernement en porte l’entière responsabilité.
Sa réforme migratoire est au point mort, mais il devrait prendre quelques mesures, dont un plan devant bénéficier à 5 millions de sans-papiers sur les 11 millions que comptent les Etats-Unis.

Comment expliquez-vous la violence en Amérique centrale?
La violence et la migration qui en découle trouvent leurs racines dans le manque d’opportunités économiques, sociales et éducatives. Dans les deux cas, les réponses policières et militaires ne peuvent pas fonctionner. Il faut aborder le problème de manière globale.
Aucun gouvernement ne porte seul la responsabilité de cette longue histoire de violence, mais le gouvernement américain doit assumer sa part pour son attitude pendant la guerre civile, l’expulsion des maras, pourtant nées aux Etats-Unis, et l’imposition d’un traité de libre-échange qui a augmenté la pauvreté dans les pays du Triangle Nord alors qu’elle a diminué ailleurs en Amérique latine.
Les Etats-Unis déboursent beaucoup d’argent pour renforcer les frontières et lutter contre la drogue. Le démantèlement des cartels en Colombie puis au Mexique n’a fait que déplacer le problème en Amérique centrale et aux Caraïbes. PROPOS RECUEILLIS PAR CGM

Menaces directes et indirectes

Sur 322 entretiens d’enfants et adolescents, 109 ont reçu des menaces directes d’assassinat ou pour intégrer une mara (gang). Parmi ceux-ci, 22 ont été victimes d’agressions après avoir refusé d’obtempérer et 14 autres ont vu au moins un de leurs parents assassinés. Tous ces cas sont éligibles pour demander l’asile.

Cent quarante-cinq jeunes vivent dans des lieux où il y a un ou plusieurs gangs de rue. Ils ont peur de sortir dans la rue et entendent des fusillades au moins trois fois par semaine.

Cent trente enfants étudient dans une école avec une mara à proximité et 100 autres dans un collège où elle se trouve à l’intérieur, y amenant armes et drogue. Ces adolescents estiment qu’il vaut mieux migrer avant d’avoir des problèmes.

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